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Un thé découverte sous l’œil bienveillant de l’Homme Vert
Ce samedi 04 juin s’est tenu le thé découverte du mois qui, malgré la météo quelque peu hasardeuse et non représentative de la saison, nous a entraînés encore une fois dans l’Autre Monde, celui des Êtres Surnaturels parmi lesquels on compte les Êtres Féeriques, et en particulier ceux liés aux célébrations du soleil. Cette séance avait en effet pour thème « Litha, le solstice d’été : sous la protection de l’Homme Vert », ce qui appelait deux principales pistes d’exploration en parallèle de celle liée au solstice d’été : la figure du Dieu au sommet de sa force, et celle de l’Homme Vert, qui n’est autre que l’une des nombreuses incarnations du Dieu.
Nous avons donc commencé par resituer le sabbat de Litha et les célébrations du solstice d’été sur la Roue de l’Année en prenant soin de rappeler les principales étapes du cycle mythologique. Ainsi, je suis revenue sur le rôle de chacune des huit fêtes et sur ce qu’elles représentent à la fois au niveau du cycle solaire (sabbats mineurs) et des dates cardinales (sabbats majeurs) de l’année. Nous avons pu constater qu’il existe des correspondances très intéressantes entre les sabbats qui se font face sur la Roue, comme par exemple Samhain et Beltane, Ostara et Mabon, ou encore Litha et Yule.
La complémentarité entre Litha et Yule a d’ailleurs été largement soulignée, car si à Yule le Roi Chêne défait le Roi Houx et fait triompher la lumière, à Litha c’est le Roi Houx qui supplante le Roi Chêne et règne à sa place dès le solstice passé et jusqu’à Yule. Le jour du solstice d’été étant le plus long de l’année, il est le seuil, le passage vers la période sombre puisque les journées raccourcissent dès qu’il est passé. En effet, de Yule à Litha, les journées rallongent puisque Yule est le jour le plus court de l’année. La période entre Yule et Litha est donc appelée période lumineuse tandis que celle allant de Litha à Yule est dite obscure ou sombre.
À Litha, le soleil – et donc le Dieu – est au plus haut de sa force et de sa puissance créatrice. Cette énergie vitale aide au passage à l’action dans la réalisation des objectifs et dans la concrétisation des projets. Elle est le moteur qui permet aux intentions de se manifester de façon visible et tangible : au maximum de sa vitalité, la nature est abondante et luxuriante, et resplendit pleinement. La nature, qui est donc au centre de l’attention lors du solstice d’été, s’épanouit sous l’œil bienveillant de l’Homme Vert, qui la protège et garantit son bon développement.
Cette figure, qui est bien entendu une incarnation du Dieu et dont le royaume est la forêt, était largement connue au Moyen Âge où l’on craignait de la rencontrer à cause de son appartenance au peuple féerique. En effet, comme les Fées, l’Homme Vert (Greenman ou Green Man en anglais) est un lien entre le monde humain et l’Autre Monde, et la forêt étant son domaine, il veille à ce que les règles qui la régissent soient respectées, et gare à qui ne s’y conformerait pas. Ainsi, il s’assure que l’ordre naturel des choses soit respecté et si les projets de l’humain qu’il rencontre s’y conforment, il prend soin de l’aider à les accomplir. On le retrouve dans la littérature médiévale sous diverses formes, en particulier dans certains poèmes tels que Sir Gawain and the Green Knight (Sire Gauvain et le Chevalier Vert) où il apparaît sous les traits du Chevalier Vert qui vient défier Arthur lors des célébrations de Yule. Il se manifeste également dans l’architecture et la décoration des églises, dont il orne les chapiteaux, les piliers et souvent même les portails.
Les jeux examinés lors de cette séance ont prolongé et illustré ces explorations en mettant en avant l’Homme Vert et les représentations du Dieu, en particulier sous sa forme Roi Chêne. Bien sûr, la nature – et en particulier la forêt – était l’élément principal de plusieurs d’entre eux, et nous avons pu littéralement en voir différents visages puisque certains illustrateurs habiles ont joué avec les effets du feuillage et les nœuds qui se dessinent sur les troncs des arbres pour leur donner des visages caractéristiques de ce qu’ils incarnent sur le plan mythologique dans différentes cultures. Ce fut aussi l’occasion de découvrir les ogham, l’alphabet magique des Celtes qui donne la part belle aux arbres, à ne pas confondre avec les runes, qui en revanche sont bien d’origine germano-scandinave, car j’insiste sur le fait qu’il n’existe rien de tel que des « runes celtiques » !
Nous avons poursuivi notre exploration en observant quels aspects de l’Homme Vert sont mis en avant dans les jeux où il est dépeint comme un archétype parmi les autres, puis nous nous sommes tournés vers les représentations du Dieu et de la nature, ce qui nous a permis de revenir notamment sur le motif du Dieu Cornu et des bois de cerf qui ornent sa tête. Nous avons donc évoqué Cernunnos et le caractère quelque peu inquiétant et menaçant que revêt la nature pour celui qui vient de la civilisation. Enfin, l’Homme Vert s’est également révélé être le gardien du passage entre le monde humain et l’Autre Monde, celui des Fées et des Êtres Surnaturels, d’où le fait qu’il soit souvent illustré en train de protéger une porte ou en tant qu’ornement d’un puits, d’une fontaine ou d’une porte gravée dans le tronc d’un chêne.
Ce thé découverte aux airs de voyage à la rencontre de l’Autre Monde fut encore une fois un beau moment, au cours duquel nous avons pu couvrir les principaux aspects de Litha et de la figure de l’Homme Vert. Ce très bel après-midi s’est déroulé dans la bonne humeur, et l’enthousiasme des participants était présent à chaque étape de notre progression. Je les remercie tout particulièrement pour leurs questions et remarques des plus pertinentes, ainsi que pour le courage dont ils ont fait preuve en bravant les grèves et les inondations spectaculaires qui ont touché la Seine cette semaine-là.
Je me réjouis d’avance de vous retrouver dans de meilleures conditions pour les thés découverte de l’été, en espérant que ceux-ci vous plairont tout autant !
À très bientôt autour d’un thé,
Morrigann
SUR LA PHOTO :
Wild Wisdom of the Faery Oracle (Lucy Cavendish, Selina Fenech). Victoria, AUS: Blue Angel Publishing, 2009.
The Wicca Deck (Sally Morningstar, Danuta Mayer). London: Connections Book Publishing, 2014 [2001].
The Druidcraft Tarot (Philip & Stephanie Carr-Gomm, Will Worthington). London: Connections Book Publishing, 2004.
Ogham: the Celtic Oracle (Andy Baggott, Peter Pracownik). Neuhausen am Rheinfall, CH: AGM Urania, 2004.
The Green Man Tree Oracle: ancient wisdom from the spirit of nature (John Matthews, Will Worthington). London: Connections Book Publishing, 2008 [2003].
The Green Witch Tarot (Ann Moura, Kiri Østergaard Leonard). Woodbury, MN: Llewellyn Publications, 2015.
Wiccan Cards: the dance of life (Nada Mesar, Chatriya Hemharnvibul). Torino: Lo Scarabeo, 2005.
Madame Endora’s Fortune Cards (Christine Filipak, Joseph Vargo). Cleveland, OH: Monolith Graphics, 2003.
Chrysalis Tarot (Toney Brooks, Holly Sierra). Stamford, CT: U.S. Games Systems, Inc., 2014.